Suivi post-professionnel des personnes exposées à l’amiante – Mise à jour du protocole et de la grille de lecture d’imagerie

Practice guidelines - Posted on Sep 11 2019

Le protocole d’imagerie proposé reprend notamment les indications et les recommandations techniques concernant cet examen.

La mise à jour de ce protocole d’imagerie a permis de prendre en compte les nouvelles données de la littérature publiées depuis 2011, en ce qui concerne notamment l’interprétation des nodules détectés et des anomalies parenchymateuses recensées dans la grille de lecture associée.

Examen de référence recommandé : l’examen tomodensitométrique thoracique basse dose, sans injection

L'examen de référence recommandé pour le suivi post-professionnel (SPP) des pathologies pleuro-pulmonaires associées à une exposition à l’amiante est l’examen tomodensitométrique (TDM) thoracique basse dose sans injection.

 

Indications

La réalisation d’un examen TDM thoracique basse dose, sans injection, et après délivrance d’une information spécifique, est proposée aux personnes ayant été exposées à l'amiante de manière active pendant une durée minimale cumulée de 1 an avec une latence minimale de 30 ans pour les expositions intermédiaires et 20 ans pour les expositions fortes.

La définition des catégories d’expositions professionnelles à l’amiante renvoie à celle de la conférence de consensus de 1999 :

  • expositions fortes :
    • expositions certaines, élevées, continues et d’une durée supérieure ou égale à 1 an (par exemples : industrie de production d'amiante, flocage, activités sur chantiers navals),
    • expositions certaines, élevées, discontinues et d’une durée supérieure ou égale à 10 ans (par exemple : mécaniciens rectifieurs de freins de poids lourds, tronçonnage de l’amiante-ciment) ;
  • expositions intermédiaires : toutes  les  autres  situations  d’exposition      professionnelle documentée ;
  • expositions faibles : expositions passives (par exemple : résidence, travail dans un local contenant de l’amiante floqué non dégradé).

Si l’examen TDM thoracique initial est normal, la réalisation des examens TDM thoraciques basse dose, sans injection, est recommandée suivant une périodicité de 5 ans pour les expositions fortes à l’amiante et 10 ans pour les autres expositions.

Recommandations techniques

Des recommandations techniques de réalisation, orientées vers les pathologies à détecter et visant à limiter la dose de rayons X délivrée, et une standardisation de la lecture sont proposées pour les examens réalisés dans le cadre du SPP « amiante ».

L’utilisation d’un scanner hélicoïdal de 16 coupes ou plus est recommandée.

Toutes les tomodensitométries du thorax chez l'adulte doivent être reconstruites et archivées avec des coupes contiguës inférieures ou égales à 1,5 mm d’épaisseur, typiquement 1 mm, couvrant la totalité des plages pulmonaires.

Il est recommandé d’utiliser la même technique pour les examens de suivi (épaisseur de coupe, filtre de reconstruction, etc).

L’archivage des acquisitions hélicoïdales reconstruites en filtre média-stinal et pulmonaires en coupes transversales natives inférieures à 1,5 mm est obligatoire. Les séries reconstruites coronales et sagittales strictes et transverses en MIP (maximum intensity projection)  de 5 mm sont fortement recommandées pour faciliter la relecture.


Préparation, conditions techniques

  • Sujet en décubitus, bras au-dessus de la tête.
  • Acquisition hélicoïdale en inspiration profonde au cours d’une apnée de la totalité des plages pulmonaires.
  • Pas d’injection de produit de contraste en première intention.
  • Lorsque des anomalies pulmonaires ou pleurales strictement postéro-basales sont mises en évidence en décubitus, une acquisition hélicoïdale focalisée en procubitus doit être réalisée selon les paramètres d’exposition équivalents à ceux d’une exposition réalisée en décubitus. Cela permet de s’affranchir des images pulmonaires ou pleurales dépendant de la déclivité. Une variante avec acquisition d’emblée en procubitus est possible.


Paramètres d’acquisition

  • Utiliser une technique faible dose avec des paramètres ajustés en fonction de la corpulence du patient, dans le but d'obtenir une exposition inférieure ou égale à 3 mSV[1] (tension à 100-120 kVp ; charge inférieure ou égale à 40 mAs) chez un patient dont l’indice de masse corporelle est inférieur ou égal à 30 kg/m2.
  • Les techniques d’ultrabasses doses sont insuffisamment validées à l’heure actuelle dans cette indication en première intention.


Conditions de lecture

  • La lecture doit se faire sur console, à partir des coupes axiales dont l’épaisseur doit être au maximum de 1,5 mm.
  • L’analyse des parties molles incluant médiastin, espace intercostal et paroi thoracique, doit être effectuée en fenêtre médiastinale avec un filtre favorisant la résolution en densité.
  • L’analyse du parenchyme pulmonaire doit être effectuée en fenêtre pulmonaire avec un filtre optimisant la résolution spatiale.
  • Une reconstruction multiplanaire dirigée sur les anomalies détectées est recommandée.
  • Pour la recherche de nodules pulmonaires, un post-traitement en reconstruction de type MIP (maximum intensity projection) d’une épaisseur d’environ 5 mm est impératif.

 

[1] Wood DE, Kazerooni EA, Baum SL, Eapen GA, Ettinger DS, Hou L, et al. Lung Cancer Screening, Version 3.2018, NCCN Clinical Practice Guidelines in Oncology. Journal of the National Comprehensive Cancer Network : JNCCN 2018;16(4):412-41.



Lecture des examens

  • Le recours à un système de détection des nodules assistée par ordinateur ou computed assisted detection (CAD) est possible. L’intérêt de la CAD est aussi d’être couplée à une évaluation volumétrique des nodules détectés permettant de les classer immédiatement selon les recommandations européennes[1]. Toutefois dans cette indication, il n’y a pas actuellement de consensus sur l’utilisation d’un modèle spécifique de CAD (industriel dépendant).
  • Les mesures bidimensionnelles et volumétriques des nodules doivent être faites selon les recommandations de la Fleischner Society[2] qui sont destinées à leur usage en dehors du cadre particulier du dépistage du cancer broncho-pulmonaire. Ces recommandations précisent toutes les conditions à respecter pour effectuer correctement les mesures, et concernent aussi bien les mesures bidimensionnelles que volumétriques.


Compte rendu

  • Remplir systématiquement la grille d’interprétation ci-jointe en utilisant l’aide-mémoire en annexe et fournir un compte
  • Les diagnostics de plaque(s) pleurale(s), de fibrose pleurale viscérale et d’anomalies interstitielles avérées doivent reposer sur des critères morphologiques et topographiques précis qui font l’objet d’une description sur le compte rendu permettant une conclusion non ambiguë.
  • Une double lecture effectuée par des radiologues ayant satisfait aux exigences d’une formation appropriée est recommandée. En cas de discordance sur l’existence de plaques pleurales et/ou d’anomalies interstitielles, une 3e lecture devra être faite par un expert figurant sur la liste actualisée de la Société française de radiologie (SFR)[3] et se focalisera sur la (ou les) discordance(s) pleurale(s) et/ou interstitielle(s).

 

[1] Oudkerk M, Devaraj A, Vliegenthart R, Henzler T, Prosch H, Heussel CP, et al. European position statement on lung cancer screening. Lancet Oncology 2017;18(12):e754-e66.

[2] Fleischner Society, Bankier AA, MacMahon H, Goo JM, Rubin GD, Schaefer-Prokop CM, et al. Recommendations for measuring pulmonary nodules at CT: A statement from the Fleischner Society. Radiology 2017;285(2):584-600.

[3] Expert radiologue 2e lecture
Expert radiologue 3e lecture