February 3, 2020

L’innovation technique que représente la spectrométrie de masse en tandem permet aujourd’hui de multiplier le nombre de maladies dépistées à la naissance, à partir d’un même prélèvement sanguin. La HAS a évalué la pertinence d’étendre le dépistage néonatal par cette technique à plusieurs erreurs innées du métabolisme.

Le dépistage néonatal est une démarche de santé publique visant à rechercher chez l’ensemble des nouveau-nés certaines maladies rares mais graves, d’origine génétique pour la plupart. L’enjeu est de mettre en œuvre, avant l’apparition de symptômes, des mesures appropriées afin d’éviter ou de limiter les conséquences négatives de ces maladies sur la santé des enfants. En France, ce dépistage fait l’objet d’un programme national. Cinq maladies sont actuellement recherchées par des tests biologiques réalisés à partir d’une goutte de sang recueillie sur papier buvard : la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale, la drépanocytose, l’hyperplasie congénitale des surrénales et la mucoviscidose (voir encadré). Suite à la recommandation de la HAS, le dépistage du déficit en acyl-CoA déshydrogénase des acides gras à chaînes moyennes (MCAD) va être intégré au programme en 2020.

La question des dépistages néonataux se pose d’autant plus aujourd’hui que les innovations technologiques facilitent leur mise en œuvre. L’arrivée de la spectrométrie de masse en tandem, technique d’analyse moléculaire, rend possible le dépistage de nombreuses maladies à partir d’un seul prélèvement sanguin, notamment le groupe des maladies qualifiées d’erreurs innées du métabolisme. Dans des travaux publiés ce jour, la HAS a évalué l’opportunité de dépister ces maladies par la technique de la spectrométrie de masse en tandem. Plus précisément, elle a défini les critères de sélection et les a appliqués pour évaluer l’intérêt du dépistage de 24 erreurs innées du métabolisme.

 

L’évaluation de la HAS se concentre sur les erreurs innées du métabolisme

Les erreurs innées du métabolisme sont graves, héréditaires et – bien que chacune soit rare – leur impact global sur la morbi-mortalité constitue une problématique de santé publique. Un diagnostic précoce, instauré avant la survenue des symptômes cliniques, permet de décider ou non d’une intervention et potentiellement d’améliorer le pronostic. En l’absence d’intervention précoce, les erreurs innées du métabolisme peuvent entraîner le décès rapide. Pour la plupart de ces maladies, il s’agit d’adopter un régime alimentaire adapté incluant des supplémentations, vitaminiques par exemple. Ces prises en charge ne sont pas « lourdes » médicalement même si elles ont un impact important sur le quotidien des enfants et de leur famille.

 

Des critères solides pour décider quelles maladies dépister

Dans le cadre de ce travail, la HAS a mis en œuvre une démarche générique d’évaluation portant sur les erreurs innées du métabolisme : elle a défini les critères à prendre en considération dans le choix des maladies à dépister à la naissance. Pour cela, la HAS a évalué la pertinence des critères définis en 2004 par l’Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) et les a comparés à ceux qui sont utilisés dans les autres pays. Ainsi, 15 ans plus tard, la HAS confirme leur robustesse et leur pertinence. La HAS distingue parmi eux des critères majeurs et des critères mineurs. Les critères majeurs sont la connaissance de l’histoire naturelle de la maladie, sa gravité, l’efficacité du traitement, le bénéfice individuel d’une intervention précoce et la fiabilité de l’examen de dépistage. Les critères mineurs sont l’incidence de la maladie et l’impact organisationnel du dépistage.

 

Elargir le dépistage néonatal par spectrométrie de masse à 7 nouvelles maladies

Sur les 24 erreurs innées du métabolisme évaluées, la HAS préconise l’introduction de 7 d’entre elles dans le programme national de dépistage néonatal par spectrométrie de masse : la leucinose (MSUD), l’homocystinurie (HCY), la tyrosinémie de type 1 (TYR-1), l’acidurie glutarique de type 1 (GA-1), l’acidurie isovalérique (IVA), le déficit en déshydrogénase des hydroxyacyl-CoA de chaîne longue (LCHAD), et le déficit en captation de carnitine (CUD). Ces 7 maladies s’ajouteraient aux 5 déjà dépistées et à MCAD déjà recommandée par la HAS, mais non encore dépistée. Les 17 autres pathologies ne sont pour l’instant pas retenues par la HAS, mais certaines seront réévaluées d’ici 3 ans, notamment pour tenir compte des nouvelles données scientifiques attendues.

L’inscription de nouvelles pathologies au programme de dépistage va nécessiter une évolution de l’organisation des centres d’expertise mais aussi des maternités. Pour les centres, dont le nombre doit rester limité pour maintenir une expertise poussée, l’enjeu sera de gérer l’augmentation du nombre d’analyses différentes pour chaque échantillon recueilli. Pour les maternités, l’organisation doit permettre la coordination entre biologistes et cliniciens en particulier pour réaliser le prélèvement entre 48 et 72h après la naissance, et transmettre les buvards au laboratoire dans un délai maximum de 24h.

 

Le test de Guthrie

A la naissance, une série de dépistages est proposée aux parents de chaque nouveau-né. Elle repose sur le prélèvement d’une goutte de sang sur le talon du nourrisson, laquelle est déposée sur un papier buvard. Ce prélèvement sanguin, appelé « test de Guthrie », est ensuite envoyé à un laboratoire spécialisé (à ce jour 13 centres en France) pour y rechercher la présence de 5 maladies : la phénylcétonurie, l’hyperplasie congénitale des surrénales, l’hypothyroïdie, la mucoviscidose et, pour les nouveau-nés présentant des facteurs de risque, la drépanocytose.

Ces pathologies sont dépistées à partir du même prélèvement sanguin sur papier buvard, mais via différentes techniques d’analyse. Parmi elles, la spectrométrie de masse en tandem offre de nouvelles opportunités de dépistage, notamment celui du déficit en MCAD, dont le déploiement sur l’ensemble du territoire est prévu en 2020.Aussi, le travail publié ce jour par la HAS vise à compléter les recommandations en vigueur et cible uniquement les maladies métaboliques dépistées par la technique de spectrométrie de masse en tandem.

 

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