Reconstruction mammaire : de la réflexion à la décision
Les facteurs personnels et médicaux à prendre en compte
L'essentiel
Le choix de la technique de reconstruction d’un volume mammaire, ou de retouche d’un buste à plat, doit se faire avec un chirurgien en fonction de nombreux facteurs :
- votre état de santé (vos traitements, leurs effets sur l'état de votre peau, vos habitudes de vie) ;
- votre morphologie ;
- vos contraintes personnelles, pratiques et financières (liées à votre organisation familiale, votre activité professionnelle et votre situation sociale) ;
- ce qui compte pour vous (vos préférences, vos craintes, votre ressenti) - consulter la page " Vos souhaits et options " ;
- l’offre de soins disponible (quelles techniques chirurgicales sont pratiquées dans quels établissements) - consulter la page " Où faire votre reconstruction ? ".
C’est pourquoi, c’est une décision à prendre à deux : entre vous et le chirurgien.
Ces informations sont là pour vous aider à cheminer vers une décision, mais ne remplacent pas la consultation. Vous pouvez prendre le temps de rencontrer plusieurs chirurgiens, d'échanger avec des femmes qui ont traversé cette expérience et d'en parler autour de vous.
Consulter les pages " Prendre soin de vous et trouver du soutien " et " Témoignages : à chacune son cheminement ".
Votre état de santé
Les différentes techniques de reconstruction d’un volume mammaire, ou de retouche d’un buste à plat, seront plus ou moins appropriées en fonction des situations suivantes.
Le fait de fumer augmente le risque d’infections et de complications. Cela nuit à la cicatrisation et ce, même à partir d’une cigarette par jour. Cela peut aller jusqu’à l’échec de la reconstruction. L'arrêt du tabac et de la cigarette électronique est nécessaire plusieurs semaines avant les interventions chirurgicales de reconstruction d'un volume mammaire et à poursuivre plusieurs semaines après. Parlez-en à l'équipe qui vous suit.
À savoir : vous pouvez utiliser des patchs de nicotine. Ils correspondent à une abstinence de tabac.
Vous pouvez obtenir de l’aide auprès de Tabac Info Service (39 89) et consulter un tabacologue.
Vous souhaitez une reconstruction d'un volume mammaire. Pour reconstituer un volume de sein, on cherche à amener des tissus de bonne qualité dans la zone à reconstruire. Dans votre situation, les techniques utilisant vos propres tissus (peau, muscles, graisse), dites techniques autologues, sont préférées à la pose d'une prothèse interne car elles permettent d’aller chercher de la peau non irradiée, donc de bonne qualité, pour recréer la forme du sein.
Vous optez pour un buste plat. La qualité de votre peau va également avoir une influence sur l’aspect esthétique de votre buste après la mastectomie.
La mise en place d'une chimiothérapie, en complément de la mastectomie, n’est pas retardée ni gênée par la chirurgie de reconstruction, même immédiate (c’est-à-dire débutée le même jour que la mastectomie). Ce traitement n’empêche pas de réaliser une reconstruction chirurgicale d’un volume mammaire ni de faire des retouches sur un buste plat.
L’influence de la radiothérapie sur le résultat de la reconstruction d’un volume mammaire et sur les complications est variable d'une femme à une autre. De même, cela peut avoir une influence sur l’aspect esthétique de votre buste à plat. Parlez-en avec votre chirurgien. Des solutions peuvent être trouvées.
Il faut en parler avec votre chirurgien qui jugera si cela restreint votre choix de techniques de reconstruction d’un volume mammaire ou non. Les situations où certaines techniques sont contre-indiquées sont rares. Les césariennes ou l’appendicectomie (traitement de l’appendicite) n’empêchent pas de réaliser certaines techniques utilisant les tissus de votre ventre (technique du DIEP, par exemple).
Les opérations antérieures n’ont pas d’influence si vous souhaitez garder un buste plat.
Dans votre situation, la technique utilisant le muscle grand dorsal (et ses variantes) pour reconstituer un volume mammaire est moins recommandée, car ce muscle est essentiel à vos activités quotidiennes ou sportives.
Vous souhaitez une reconstruction d'un volume mammaire. Un surpoids important augmente les risques de complications, quel que soit votre choix en matière de reconstruction d’un volume mammaire. Les techniques avec microchirurgie deviennent alors trop risquées à pratiquer. Les médecins ne sont pas unanimes sur le seuil de poids à partir duquel les reconstructions mammaires avec microchirurgie ne doivent pas être réalisées. Parlez-en avec l’équipe qui vous suit.
Un programme personnalisé de perte de poids pourrait être envisagé. Profitez de vos rendez-vous à l’hôpital pour rencontrer un diététicien ou demander à bénéficier d’un suivi nutritionnel dans le cadre des soins de support.
Vous optez pour un buste plat. Il sera probablement nécessaire de refaire une opération pour améliorer l’aspect esthétique de votre buste après la mastectomie, pour retirer des tissus excédentaires ou combler des creux et obtenir un buste plus lisse.
Cela augmente le risque de complications de type embolie pulmonaire ou phlébite, surtout pour les reconstructions d’un volume mammaire par microchirurgie. La possibilité de réaliser ou non ces reconstructions sera à discuter au cas par cas avec l’anesthésiste et le chirurgien. Des examens complémentaires pourront vous être proposés pour faire le point.
Ce type de traitement augmente le risque d’avoir des complications comme une embolie pulmonaire, une phlébite ou des difficultés de cicatrisation.
Si vous souhaitez une reconstruction d’un volume mammaire, on vous demandera d’arrêter ce traitement avant et après l’opération (environ 1 mois avant et 1 mois après) en accord avec votre oncologue et sans que cela nuise à votre prise en charge contre le cancer.
Certaines maladies augmentent fortement les risques de complications : le diabète s’il est mal équilibré, des maladies qui entrainent un déficit immunitaire ou encore des maladies soignées par des traitements qui diminuent les défenses immunitaires (immunosuppresseurs). Parlez-en avec votre équipe de soins.
Votre morphologie
Suivant votre morphologie, votre silhouette, certaines techniques de reconstruction d’un volume mammaire seront plus ou moins adaptées. Par exemple, certaines techniques nécessitent d’avoir des réserves de graisse suffisantes pour être réalisées :
- pour la technique du « grand dorsal », il faut une réserve graisseuse dans le dos ;
- pour le DIEP, il faut une réserve de graisse sous le nombril ;
- pour le lipomodelage (ou lipofilling), il faut une réserve de graisse, peu importe où (ventre, cuisses, genoux, etc.).
La plupart des gens ont des réserves suffisantes de graisse même s'ils sont minces. Cependant, si vous êtes particulièrement mince, certaines techniques pourraient être moins indiquées. Parlez-en avec votre équipe de soins.
Vos contraintes pratiques et financières
Les contraintes pratiques
Le choix de la technique chirurgicale et du lieu où vous allez faire votre reconstruction dépend aussi de facteurs pratiques et financiers.
- Les techniques de chirurgie de reconstruction d’un volume mammaire demandent la plupart du temps plusieurs opérations.
- Si vous souhaitez garder un buste plat, une seule opération suffit la plupart du temps pour réaliser des retouches dans le but d’améliorer l’aspect esthétique du thorax, appelée par certaines patientes « reconstruction à fini plat ».
- Chaque opération implique une hospitalisation et est suivie d’une période de convalescence de plusieurs semaines avec des restrictions de mouvement.
- À la sortie de l’hôpital, vous aurez besoin de soins infirmiers et parfois de kinésithérapie.
- Un suivi en établissement de soins de suite et de réadaptation est parfois nécessaire pour les soins post-opératoires, selon les situations des femmes.
- Si vous avez un emploi, vous allez devoir être absente pour chaque opération et pour plusieurs semaines à chaque fois.
Les aspects financiers
La première chose importante est d’être couverte par un organisme d’assurance maladie (la Sécurité sociale des travailleurs salariés, celle des indépendants, la MSA, etc.).
Les personnes sans activité ou les demandeurs d’asile peuvent être couverts par la protection universelle maladie (PUMA). L’aide médicale d’État (AME) s'adresse aux étrangers en situation irrégulière et justifiant d'une présence sur le territoire français de plus de 3 mois. Elle donne lieu :
- à une prise en charge des soins à 100 % (dans la limite des bases de prise en charge de la Sécurité sociale), mais pas à une complémentaire santé ;
- à la prise en charge du forfait journalier lors des hospitalisations ;
- à la dispense d’avance de frais.
Demandez un rendez-vous avec un assistant de service social si vous êtes dans ce cas.
L’expression être « prise en charge à 100 % » signifie en réalité que la Sécurité sociale prend en charge 100 % des frais de santé en lien avec le cancer du sein, dans la limite des bases de remboursement établies par la Sécurité sociale.
Les différents frais qui restent à la charge des patientes peuvent provenir :
- de dépassements d’honoraires pour l’anesthésie et la chirurgie. Celles-ci ne sont remboursées que sur la base du tarif de la Sécurité sociale. Certaines mutuelles ou assurances complémentaires santé peuvent prendre en charge certains dépassements d’honoraires, selon les contrats ;
- de certains actes non ou partiellement remboursés ;
- de frais hospitaliers avec : le forfait journalier (de 20 €/j d’hospitalisation) et d’éventuels frais pour une chambre individuelle (variables d’un établissement à l’autre, allant de 40 à 70 €/j), la télévision, le téléphone, non pris en charge par l’Assurance maladie, mais qui peuvent être pris en charge par la mutuelle ou l'assurance complémentaire santé. Les durées d’hospitalisation sont variables selon la chirurgie pratiquée (mastectomie seule ou mastectomie avec reconstruction immédiate), puis pour chaque technique ;
- des accessoires et produits hors nomenclature (« hors listes »), tels que crème cicatrisante, brassière, bas de contention (à porter 1 mois jour et nuit), gaine si l’on choisit la technique appelée DIEP. Les prothèses externes sont prises en charge, mais pas le soutien-gorge adapté.
Questionnez votre mutuelle ou assurance complémentaire santé à l’avance pour savoir ce qu’elles remboursent ou pas selon votre contrat. L’idéal est de pouvoir soumettre un devis.
Vous pouvez également consulter le forum de l'Assurance maladie sur ameli.fr.
Les indemnisations pendant l’arrêt de travail sont différentes selon votre statut : fonctionnaire, salarié ou libéral.
L'indemnisation pendant l'arrêt de travail est limitée à 3 ans maximum pour une même pathologie, en continu ou en fractionné. Il est donc préférable que le parcours de reconstruction puisse se faire pendant cette durée. Il faut avoir cotisé pour bénéficier de cette indemnisation. Renseignez-vous à l’avance.
Exception : les fonctionnaires peuvent parfois bénéficier de 2 ans supplémentaires à demi-traitement.
À noter : le cancer est une affection de longue durée (ALD). Dans le cadre d’une ALD, les 3 jours de carence ne sont appliqués qu’au premier arrêt de travail et vos indemnités journalières ne sont pas imposables.
Selon votre état de santé, votre médecin peut vous faire une prescription médicale de transport. Cela permet d’utiliser un véhicule sanitaire (ambulance ou véhicule sanitaire léger) ou bien de se faire dédommager en partie ses frais de déplacement (0,30 €/km ou des transports en commun).
Le site ameli.fr récapitule les conditions pour bénéficier d'une prise en charge des transports, notamment le formulaire pour demander le dédommagement des frais de transport et le formulaire de prescription médicale de transport.
Votre organisation familiale
Pour chaque opération, il va falloir que vous obteniez de l’aide de vos proches ou des professionnels de l’aide à domicile pour les actes de la vie quotidienne durant vos temps de convalescence : pour vous habiller les premiers temps, vous conduire en voiture aux différents rendez-vous médicaux, etc.
On conseille de ne pas porter de charges lourdes et de ne pas conduire pendant plusieurs semaines après l’opération, le temps de la cicatrisation et convalescence (3 semaines environ).
Si vous pensez être en difficulté pendant cette période ou ne pas pouvoir solliciter votre entourage, vous pouvez alors solliciter des aides au financement d’heures d’aide à domicile, dispensées sous certaines conditions. Renseignez-vous auprès d’un assistant social.