3 avril 2019

La lombalgie est une pathologie très fréquente et le plus souvent de pronostic favorable. L’enjeu d’une meilleure prise en charge est d’adopter précocement une stratégie adaptée afin d’éviter le passage à la chronicité. Second motif de recours à un médecin généraliste, la lombalgie occasionne un trop grand recours à des actes inutiles et constitue aujourd’hui un problème de santé publique et de santé au travail. La HAS publie ce jour une recommandation sur la prise en charge des patients dans le but d’améliorer et harmoniser les pratiques professionnelles.

84% des Français souffriront de lombalgie au cours de leur vie. Parfois qualifiée de « maladie du siècle », la lombalgie désigne une douleur située dans le bas de la colonne vertébrale, plus précisément au niveau des vertèbres lombaires. Elle recouvre en fait deux stades différents de la maladie : la lombalgie aiguë si elle se résorbe en 4 à 6 semaines, qui concerne la très grande majorité des patients, et la lombalgie chronique qui dure depuis plus de 3 mois. La prise en charge par les professionnels de santé doit être adaptée selon ces deux stades. C’est pourquoi la Haute Autorité de Santé (HAS) publie aujourd’hui une recommandation sur la prise en charge du patient présentant une lombalgie. Celle-ci est accompagnée d’un arbre décisionnel pour guider les professionnels de santé dans les différentes étapes du diagnostic et du traitement. L’objectif est de limiter le passage au stade chronique et de maintenir une activité professionnelle.

La lombalgie aiguë : une pathologie commune au pronostic favorable

C’est la forme de lombalgie la plus fréquente : elle concerne 9 patients sur 10. Le diagnostic de lombalgie nécessite d’éliminer des signes d’alerte suggérant une pathologie sous-jacente grave. En phase aiguë, en l’absence de signes d’alerte, l’imagerie médicale n’est pas pertinente puisqu’il n’existe pas systématiquement de concordance entre symptômes et signes radiologiques.

L’activité physique adaptée est le traitement principal. Elle permet une évolution favorable de la lombalgie et limite les récidives. Le professionnel de santé doit encourager le patient à poursuivre ses activités de la vie quotidienne, y compris le travail. Des antalgiques peuvent éventuellement être prescrits afin de calmer la douleur pour la plus courte durée possible en attendant la guérison spontanée de la lombalgie. La HAS rappelle qu’aucun médicament n’a prouvé d’efficacité à moyen terme sur l’évolution d’une poussée aiguë de lombalgie.

Il est important que le professionnel rassure son patient sur l’évolution favorable de la lombalgie aiguë : la douleur se résorbe en effet en moins de 6 semaines dans 90% des cas.

Il est recommandé au médecin traitant de revoir le patient 2 à 4 semaines après l’épisode initial si les symptômes persistent pour écarter un éventuel risque de passage à chronicité.

Rester attentif aux risques de chronicité

La lombalgie ne devient chronique que dans 3 à 6% des cas. La prise en charge doit alors être spécifique et adaptée. En particulier, ce n’est qu’après avoir identifié un facteur de risque de chronicité ou que la lombalgie est devenue chronique qu’une rééducation active par kinésithérapie se révèle pertinente. En l’absence d’amélioration, une prise en charge multidisciplinaire incluant un médecin spécialiste du rachis et si nécessaire un médecin du travail doit être envisagée.

A tous les stades de la lombalgie, il est recommandé au professionnel de santé de rechercher les signes d’alerte dont la combinaison suggérerait une pathologie sous-jacente, telle qu’une infection, une maladie inflammatoire, un cancer, un problème neurologique…

D’autres signes d’alerte – signes de risque de chronicité et de récidive – sont à surveiller. En particulier, la lombalgie chronique ou récidivante est à l’origine de nombreux arrêts de travail et peut conduire à une désinsertion professionnelle. En effet il faut souligner qu’une lombalgie sur 5 entraine un arrêt de travail et que cette pathologie est devenue la première cause d’exclusion du travail avant 45 ans. Le professionnel doit rester attentif aux facteurs de risque d’incapacité prolongée du travail ou d’obstacles au retour au travail.

Au-delà de la pathologie elle-même, c’est le patient dans sa globalité qui doit être pris en charge. Le vécu du patient est pris en compte, chacun vivant différemment tant sur le plan physique, psychologique que socio-professionnel.

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