Hépatite C : le dépistage universel n’est pas pertinent en contexte français

Communiqué de presse - Mis en ligne le 29 nov. 2019
29 novembre 2019

La stratégie nationale de dépistage de l’hépatite C se concentre aujourd’hui sur les populations à haut risque d’exposition au virus. La HAS a mené une évaluation médico-économique pour déterminer l’intérêt d’un dépistage élargi à la population générale. Elle conclut qu’un dépistage universel ne serait pas efficient en France et qu’il faudrait plutôt renforcer le dépistage dans les populations les plus à risque de contamination et de transmission. La HAS mènera des travaux pour définir les modalités d’un tel dépistage renforcé.

Selon les objectifs fixés par l'organisation mondiale de la santé, le virus de l'hépatite ne doit plus représenter une grave menace de santé publique d'ici 2030. Aujourd’hui, les traitements disponibles dans le monde permettent de soigner efficacement les patients séropositifs au virus de l’hépatite C (VHC). Et en France, ils sont accessibles à tous depuis 2017. On estime que 133 000 personnes sont atteintes d’hépatite C chronique, dont 19% seraient porteurs sans le savoir. L’enjeu est maintenant de dépister ces derniers pour leur permettre un accès aux soins.

La stratégie de dépistage actuelle cible des populations à risque telles que les usagers de drogues intraveineuses, les partenaires sexuels des personnes atteintes d’hépatite C chronique, la population carcérale et les patients séropositifs pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou porteurs du virus de l’hépatite B. La HAS a été questionnée sur l’opportunité d’étendre le dépistage organisé de l’hépatite C à la population générale. Sur la base d’études françaises et internationales, elle a mené une évaluation médico-économique et conclut qu’un dépistage universel ne serait pas efficient.

Privilégier le dépistage ciblant les populations à risque de contamination

Les analyses d’efficience apprécient le rapport coût-efficacité, par exemple d’un produit de santé, d’un acte, d’une stratégie de dépistage... En cela, elles contribuent à la décision publique d’encadrement des dépenses de santé afin d’éviter de payer un coût excessif au regard du bénéfice de santé attendu. L’évaluation des stratégies de dépistage du VHC doit permettre d’apprécier si un dépistage universel – de toute la population adulte – permettrait une baisse significative de la morbi-mortalité liée au virus par rapport au dépistage ciblé actuellement mis en place. Et ensuite, de déterminer si cette baisse justifierait le surcoût pour la collectivité.

Pour élaborer son avis, la HAS a analysé la littérature : études épidémiologiques françaises, rapports d’agence d’évaluation en santé et de sociétés savantes étrangères, analyses médico-économiques françaises et internationales. D’après les données épidémiologiques récentes, la proportion de personnes touchées par l’hépatite C chronique en France est en baisse et elle est faible par rapport au reste du monde. Elle est ainsi passée de 0,42% de la population française en 2011 à 0,30% en 2016, contre 1% en moyenne à l’international en 2014. De plus, aucune étude internationale ne démontre l’efficience d’une stratégie de dépistage étendue à la population générale. Et aucune recommandation étrangère ne promeut le dépistage universel.

Par ailleurs, l’expérience passée de la lutte contre le VIH montre les limites du dépistage en population générale. Un temps recommandé en France, le dépistage universel n’a pas eu les effets escomptés en raison des difficultés importantes de mise en œuvre. En particulier, les personnes les plus à risque de contamination sont de manière générale éloignées du système de soin, donc peu susceptibles de participer au dépistage, même s’il est étendu à l’ensemble de la population. Cela a conduit la HAS à préconiser un dépistage ciblant prioritairement les populations les plus exposées au VIH[1].

Considérant ces éléments, la HAS conclut que l’élargissement du dépistage du VHC à la population générale n’est pas la solution appropriée pour éliminer le virus en France.

Un second volet pour définir les modalités du dépistage ciblé

Si le dépistage universel ne représente aujourd’hui pas la bonne piste dans la lutte contre le virus de l’hépatite C, celle du dépistage ciblé est à privilégier. La HAS recommande d’intensifier ce dernier avec une vigilance particulière sur le risque de réinfection dans les populations au risque élevé d’exposition au VHC.

C’est ce que la HAS entend préciser dans un second volet de son évaluation. Les objectif seront alors les suivants : identifier les facteurs de risque de contamination, de re-contamination et de transmission – pour si besoin élargir la population ciblée par le dépistage – et détailler les points à améliorer pour mieux atteindre ces populations, parfois éloignées du système de soin.

 

[1] Réévaluation de la stratégie de dépistage de l’infection à VIH en France, 2017

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