Stratégie vaccinale autour d'un cas de poliomyélite ou en cas de détection environnementale de poliovirus

Recommandation vaccinale - Mis en ligne le 02 déc. 2019

Contexte épidémiologique

La poliomyélite est causée par les poliovirus appartenant au genre Enterovirus. En général, la transmission est liée au péril fécal, mais elle peut également être orale-orale. L’infection est dans la grande majorité des cas asymptomatique, mais dans de rares cas (environ 1 personne infectée sur 200), les virus vont atteindre la moelle épinière et provoquer en quelques jours des paralysies. Au plan épidémiologique, le dernier cas importé en France remonte à 1995 et la poliomyélite devrait être la deuxième maladie éradiquée à l’échelle mondiale grâce à la vaccination. Si le risque de résurgence de la poliomyélite reste limité en Europe du fait des couvertures vaccinales élevées, une vigilance active demeure néanmoins nécessaire en raison de la persistance de foyers épidémiques dans le monde (Pakistan, Afghanistan, Nigéria).

Nature de la demande

Dans le cadre de la stratégie finale d'éradication de la poliomyélite 2019-2023 dans laquelle la France est engagée, la Direction Générale de la Santé (DGS) a saisi la Commission Technique des Vaccinations (CTV) de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour qu'elle propose la stratégie vaccinale à mettre en place pour permettre de contrôler la diffusion du virus (cible vaccinale, nature du vaccin, schéma vaccinal) en cas de résurgence de poliovirus en France ou de rupture de confinement d'un laboratoire essentiel. En parallèle, la DGS a saisi le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) pour actualiser la conduite à tenir autour d’un cas de poliomyélite ou en cas de détection environnementale de poliovirus (stratégie de prise en charge, définition des cas et de leur entourage) et proposer une organisation de la surveillance environnementale (nature, périmètre et durée).

Les types de vaccins

Deux types de vaccins antipoliomyélitiques existent au niveau mondial : le vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) et le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). En France, seul le VPI dispose d’une AMM et est utilisé en routine. Le VPO continue à être utilisé dans les pays en développement insuffisamment vaccinés où les conditions d’hygiène favorisent la transmission fécale-orale car il apporte globalement une meilleure immunité mucosale que le VPI et est donc plus efficace pour casser les chaines de transmission. En revanche, dans les pays industrialisés comme la France où le risque de transmission fécale-orale est plus limité et surtout où la couverture vaccinale est élevée (supérieure à 98% à 2 ans pour la primovaccination), les deux types de vaccins devraient être aussi efficaces pour la prévention du portage et de la dissémination.

Stratégie vaccinale

Conformément aux recommandations du HCSP relatives à la conduite à tenir autour d’un cas de poliomyélite ou en cas de détection environnementale de poliovirus, la CTV recommande de vérifier et le cas échéant de mettre à jour le statut vaccinal des cas (cas possible, cas probable et cas confirmé) et des sujets contacts avec le VPI, selon le calendrier vaccinal. En cas de doute sur le statut vaccinal, l’administration d’une dose VPI est recommandée. Pour rappel, le calendrier vaccinal prévoit chez l’enfant 2 injections obligatoires à deux mois d’intervalle, une à l’âge de 2 mois et une à l’âge de 4 mois (primovaccination), suivies d’un premier rappel obligatoire à l’âge de 11 mois. Les rappels suivants sont recommandés chez l’enfant de 6 ans puis de 11 à 13 ans et chez l’adulte à 25 ans, 45 ans, 65 ans puis tous les 10 ans.

Cette stratégie vaccinale est recommandée quel que soit le type de poliovirus (poliovirus vaccinal, poliovirus sauvage, poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale). Toutefois, en cas de circulation confirmée d’un poliovirus sauvage ou d’un poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale (virus « non sabin like ») faisant craindre la survenue de cas de poliomyélite paralytique autochtone en France, une cellule « d’aide à la décision » pourrait proposer une stratégie vaccinale plus offensive (administration d’une dose de VPI à toute personne dans l’entourage du cas dont la dernière dose remonte à plus d’un an, élargissement de la vérification et de la mise à jour du statut vaccinal à une aire géographique plus large que l’entourage du cas, voire recours au stock de vaccin oral de l’OMS et utilisation d’un VPO monovalent ou bivalent qui peut être administré dès la naissance).


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