Chimiohyperthermie intrapéritonéale (CHIP) associée ou non à une chirurgie de cytoréduction préalable

Evaluation des technologies de santé - Mis en ligne le 21 juin 2021

La demande d’évaluation de la chimiohyperthermie intrapéritonéale (CHIP) associée ou non à une chirurgie de cytoréduction préalable, a été faite par le Conseil national professionnel de chirurgie viscérale et digestive (CNPCVD). La HAS a accepté cette demande qui a été inscrite à son programme de travail.

La CHIP consiste, après une chirurgie de cytoréduction préalable (indications à visée curative, des carcinoses péritonéales) ou non (indications à visée préventive, de ces carcinoses), à baigner les viscères de la cavité péritonéale dans une solution chauffée de chimiothérapie.

Les deux objectifs du présent rapport étaient :

  • question 1 : évaluer l’efficacité et la sécurité de l’acte de CHIP associée ou non à une cytoréduction préalable afin de définir quelles indications sont validées/non validées ;
  • question 2 : définir les conditions de réalisation de l’acte de CHIP associée ou non à une cytoréduction préalable, et de l’hospitalisation qui suit ; ainsi que la préparation préopératoire nécessaire et les modalités de suivi post-hospitalisation.

La méthode de travail utilisée pour réaliser cette évaluation a consisté en :

  • une analyse critique de la littérature identifiée après une recherche systématique, et sélectionnée sur les critères explicites ;
  • la consultation d’un groupe d’experts intuitu personae de plusieurs professionnels de santé (six chirurgiens viscéraux et digestifs, deux gynécologues-obstétriciens, deux anesthésistes-réanimateurs, un anatomo-cytopathologiste, un radiologue, une psychiatre, une pharmacienne, trois infirmiers) et de patients (trois), réunis afin de recueillir leurs positions individuelles argumentées et fondées sur leurs connaissances, leurs expériences et leurs pratiques, au regard des données de la littérature ;
  • la consultation des organismes professionnels, des associations de patients et des institutions publiques de santé  concernés par le sujet, interrogés comme parties prenantes afin de recueillir leurs points de vue à titre collectif sur une version provisoire du rapport contenant les éléments recueillis précédemment et les conclusions pouvant en être tirées ;
  • l’examen du rapport par la CNEDiMTS puis sa validation par le Collège de la HAS.

 

Les conclusions de la HAS sont les suivantes

En ce qui concerne l’évaluation de l’efficacité et de la sécurité de la CHIP associée ou non à une cytoréduction préalable, ainsi qu’à la définition de ses indications validées et de ses indications non validées relevant de la recherche clinique, la HAS considère d’abord que les indications actuellement validées de la CHIP sont :

  • le traitement à visée curative des carcinoses péritonéales secondaires à un cancer de l’ovaire de stade FIGO III, non opérable d’emblée dans le cadre d’une chirurgie intervallaire (population de l’étude OVHIPEC) ;
    • avec le protocole de CHIP suivant : cisplatine 100 mg/m² distribué selon le protocole de l’étude OVHIPEC à raison de 50 mg/m² en début de procédure, 25 mg/m² à 30 minutes et 25 mg/m² à 60 minutes, pour une durée totale de 90 minutes à 40°C, associée systématiquement à une néphroprotection par hydratation et thiosulfate de sodium en IV ;
  • le traitement à visée curative des carcinoses péritonéales primitives/cancers rares (mésothéliome et pseudomyxome péritonéaux) ;
    • pour le mésothéliome péritonéal avec des protocoles de CHIP à base de cisplatine, doxorubicine et mitomycine utilisés en association ou à base de cisplatine et mitomycine seule ;
    • pour le pseudomyxome avec des protocole de CHIP à base de mitomycine seule ou d’oxaliplatine seule.

En effet, pour ces indications, des données de la littérature de bonne qualité méthodologique (malgré des limites) et/ou avec un recul de plusieurs années sont en faveur de la CHIP (en matière de survie globale et/ou survie sans progression), ainsi que de manière consensuelle la position des experts du groupe de travail et le point de vue des parties prenantes. Il est toutefois à noter qu’à l’exception du cancer de l’ovaire aucune donnée relative de la qualité de vie n’est disponible.

 

La HAS considère ensuite que les autres indications étudiées ne sont à ce jour pas validées et relèvent de la recherche clinique ; ce sont les suivantes :

  • le traitement à visée curative des carcinoses péritonéales d’origine colorectale (premier cancer et récidive) ;
  • le traitement à visée préventive des carcinoses péritonéales d’origine colorectale (premier cancer et récidive) ;
  • le traitement à visée curative des carcinoses péritonéales secondaires à un cancer de l’ovaire en récidive ;
  • le traitement initial à visée curative des carcinoses péritonéales secondaires à un cancer de l’ovaire ;
  • le traitement à visée curative des carcinoses péritonéales secondaires à un cancer gastrique (premier cancer et récidive).

En effet, pour ces indications, les données de la littérature analysées ne sont pas en faveur de l’utilisation de la CHIP, ainsi que la majorité des experts du groupe de travail et des parties prenantes. La HAS recommande que la recherche clinique se poursuive dans ses indications.

 

Le rapport précise également les conditions optimales de la CHIP, de la préparation du patient avant l’hospitalisation, au suivi post-hospitalisation en structure de soins ou à domicile, en passant par l’hospitalisation : phase préopératoire, intervention en elle-même : CHIP et cytoréduction, et phase post-opératoire.

 

Les principaux points abordés sont : l’expertise des centres et le choix du traitement, le lieu de réalisation de la CHIP, les ressources matérielles nécessaires, la composition et formation de l’équipe, les étapes de réalisation de la CHIP avec cytoréduction préalable, la durée d’hospitalisation et la prise en charge du patient du préopératoire au post-opératoire.  

 

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