Avis n° 2021.0051/AC/SEESP du 15 juillet 2021 du collège de la Haute Autorité de santé sur l’identification des données nécessaires pour permettre d’évaluer la pertinence éventuelle d’un rappel chez les personnes ayant eu une primovaccination complète contre la Covid-19

Avis et décisions de la HAS - Mis en ligne le 16 juil. 2021
Recommandation vaccinale

En France, la campagne de vaccination contre la Covid-19 a commencé le 27 décembre 2020. Les premiers objectifs de cette campagne de vaccination d’une ampleur inédite étaient de réduire la mortalité, les formes graves de Covid-19 et la tension sur le système de santé ; de ce fait, les premières phases ont ciblé en priorité, dans un contexte de mise à disposition progressive des doses de vaccins, les personnes à risque de faire une forme grave du fait de leur âge et de leurs comorbidités et les personnes les plus exposées au virus.

 Depuis plusieurs semaines, la campagne de vaccination vise également à contrôler la circulation du virus. Compte-tenu de l’avancement de la campagne et du plus grand nombre de doses disponibles, la vaccination est désormais recommandée et accessible pour toutes les personnes âgées de 12 ans et plus.

 A qui s’adresse ces recommandations ?

  • Elles s’adressent aux pouvoirs publics


Quels sont les objectifs de cette recommandation ?

Pour anticiper les prochaines échéances de la campagne de vaccination, le Directeur général de la santé a saisi la Haute Autorité santé le 29 juin 2021 afin d’identifier la nature des données nécessaires pour permettre d’évaluer la pertinence éventuelle d’une dose de rappel chez les personnes ayant reçu une primovaccination complète contre le SARS-CoV-2.

Principales conclusions de la recommandation :

Au terme de son analyse, la HAS estime que l’évaluation de la pertinence clinique d’une injection de rappel chez les personnes ayant eu une primovaccination complète par un vaccin contre le SARS-CoV-2 repose sur la prise en compte de multiples facteurs.

 En premier lieu, les données disponibles à ce jour laissent supposer une persistance de la réponse immune au-delà de 6 mois, mais en l’absence de corrélat de protection établi, elles ne permettent pas à elles seules, de conclure quant à une protection suffisante au cours du temps. Il est indispensable, pour disposer de données sur la durée de protection, de surveiller activement les échecs vaccinaux et de suivre l’évolution de l’efficacité vaccinale dans le temps.

 Conjointement, la surveillance de l’épidémiologie de la Covid-19 en France et dans le monde est essentielle pour permettre de détecter précocement l’émergence de variants dits « préoccupants » susceptibles d’échapper à la réponse immunitaire induite par les vaccins, ce qui pourrait nécessiter l’administration anticipée d’une dose de rappel dans l’hypothèse où un niveau plus élevé d’anticorps neutralisants serait indispensable pour maintenir l’efficacité vaccinale.

 Enfin, dans l’hypothèse où l’administration d’un rappel chez des personnes ayant reçu une primovaccination complète serait justifiée, il est nécessaire de disposer, par anticipation, de données pour permettre de déterminer les personnes concernées, le délai à respecter et le type de vaccin à utiliser.

En conclusion, s’il parait très probable qu’une injection de rappel procurera effectivement un effet « boost » (que ce soit avec le même vaccin, un vaccin faisant appel à une autre plateforme, voire un vaccin adapté aux variants préoccupants), l’impact d’un tel rappel sur la prévention des échecs vaccinaux et des formes symptomatiques de la maladie après un schéma de primovaccination complet pourra être confirmé avec l’acquisition des données issues des essais cliniques en cours ainsi que des données de vie réelle. Un schéma vaccinal optimal pourra être préconisé dès lors que seront disponibles les résultats des études en cours sur l’efficacité d’un rappel avec les vaccins à ARNm selon leur version initiale et leur version adaptée aux variants, mais aussi sur l’efficacité de nouveaux vaccins positionnés en boost après un schéma vaccinal complet.

La HAS prend acte des avis du COSV, du CS et de l’annonce par le Président de la République du 12 juillet 2021 de la mise en place d’une campagne de rappel vaccinal chez les personnes ayant été primovaccinées prioritairement dès les mois de janvier et février 2021, qui représentent la population la plus vulnérable et la plus âgée.

À ce stade et sur la base des données actuellement disponibles, la HAS estime qu’il n’y a pas d’argument pour recommander l’administration d’une dose de rappel au-delà des personnes ciblées par les annonces gouvernementales, et ce, quels que soient les vaccins initiaux. La pertinence d’un rappel en population générale pourrait être établie si une diminution de la protection contre la Covid-19 dans le temps était mise en évidence sur la base d’échecs vaccinaux constatés en vie réelle (et pas seulement sur la base d’une baisse du taux d’anticorps) ou qu’un nouveau variant « résistant » aux vaccins actuellement disponibles émergera sur le territoire.

La HAS insiste donc sur la nécessité de surveiller l’évolution, au cours du temps, des échecs vaccinaux, de l’efficacité des vaccins contre la Covid-19 et des infections chez les personnes vaccinées. Elle encourage la mise en place d’études cliniques et en vie réelle pour identifier rapidement toutes les situations de baisse de la protection conférée par la vaccination (populations particulières, schéma de primovaccination, émergence de nouveaux variants, etc.)

En parallèle, la HAS soutient la mise en place d’études visant à évaluer l’immunogénicité, la réactogénicité et la tolérance d’une dose de rappel chez les personnes ayant reçu une primovaccination complète contre la Covid-19. Ces données seront essentielles pour définir, dès lors que l’administration d’une dose de rappel serait nécessaire, les populations cibles, le moment optimal pour cette administration et le type de vaccins à utiliser.

Par ailleurs, la HAS réaffirme que la vaccination du plus grand nombre est le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie de Covid-19 et l’émergence de nouveaux variants. Elle estime que la priorité pour les prochaines semaines est de tout mettre en œuvre afin d’augmenter la couverture vaccinale au niveau national comme international, en particulier la classe d’âge des plus de 80 ans pour laquelle la couverture vaccinale complète est encore insuffisante (73,8%) malgré leur grande vulnérabilité face à la maladie. Il est également essentiel de maintenir un haut niveau d’adhésion aux mesures de prévention et de dépistage, de traçage des contacts et de respect de l’isolement en cas d’infection ou de contact avec un cas confirmé.

Ces conclusions sont établies sur la base des connaissances scientifiques actuelles et dans le contexte épidémiologique français. Elles seront donc nécessairement réexaminées à la lumière des nouvelles données à venir.