Intérêt des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) antigéniques COVID/grippe et COVID/grippe/VRS en ville
Le présent rapport répond à une saisine de la Direction générale de la Santé (DGS), en date du 1er décembre 2022, demandant à la HAS de se prononcer sur l’intérêt médical de recourir à des tests rapides d’orientation diagnostique, dits TROD, pour rechercher en contexte de ville (typiquement au cours d’une consultation en cabinet médical) les principaux virus responsables d’infections respiratoires aiguës susceptibles de co-circuler de façon épidémique en période hivernale, en l’espèce le VRS, les virus influenza et le SARS-CoV-2, respectivement responsables de la majorité des bronchiolites, de la grippe et de la COVID-19.
Sur la base de l’ensemble des éléments recueillis relatifs aux performances diagnostiques, à l’utilité clinique et à l’impact populationnel des TROD COVID/grippe et COVID/grippe/VRS, la HAS conclut :
1) La recherche antigénique rapide combinée des virus grippaux et/ou du VRS en réalisation conjointe avec celle du SARS-CoV-2 par des TROD ou celle du TROD VRS seule ne présentent pas à l’heure actuelle, à l’échelon individuel, d’intérêt médical démontré dans le diagnostic des infections respiratoires aiguës en ville.
2) En revanche, la HAS conclut que, sous certaines conditions (cf. infra), la recherche rapide antigénique de ces virus par un TROD grippe/COVID ou grippe/COVID/VRS peut présenter un intérêt médical à l’échelon populationnel (impact de santé publique) qui justifierait une prise en charge par la collectivité du fait d’un bénéfice potentiel pour le système de santé, les soignants et les parents/patients en période hivernale.
Il est rappelé que la situation française est critique vis-à vis du mésusage en matière de prescription d’antibiotiques, particulièrement en présence d’infections respiratoires aiguës. Ainsi, l'utilisation de ces tests pourrait participer à la baisse de la consommation d'antibiotiques en ville, qui reste élevée malgré les actions importantes d'information auprès des professionnels et du public.
3) La HAS insiste sur les deux conditions suivantes :
- les TROD utilisés doivent présenter des performances diagnostiques cliniques suffisantes, c’est-à-dire répondre aux exigences minimales posées par la HAS pour les TROD COVID-19. Des études de performances diagnostiques conformes aux spécifications méthodologiques de la HAS doivent donc être menées ;
- l’impact populationnel de ces TROD doit aussi être conforté. À cette fin, un recueil prospectif comparatif de données d’utilité clinique en vie réelle devrait être mis en œuvre afin de :
- mesurer l’impact de l’utilisation de ces tests sur le taux de prescription d’antibiotiques d’une part, et sur le taux de reconsultations en cabinet ou aux urgences d’autre part. Ce recueil de données pourrait reposer sur l’implication volontaire de régions/territoires tests,
- permettre de définir la ou l(es) indication(s) pour laquelle/lesquelles ces TROD présenteraient une utilité s’ils en démontrent une (âge, tableau clinique, temporalité…).
Ce recueil prospectif comparatif de données d’utilité clinique revêt ici un caractère essentiel, car il convient d’étudier l’impact des TROD sur la prescription d’antibiotiques spécifiquement en contexte français, aucune étude de ce type n’ayant été réalisée pour le moment.
La HAS souligne que les présentes conclusions pourront être révisées en fonction de l’arrivée de nouveaux traitements pour la grippe et le VRS, et de l’émergence possible de nouveaux variants pour le SARS-CoV-2.