Dépistage du cancer du col de l’utérus chez les personnes immunodéprimées (hors PVVIH)

Recommandation en santé publique - Mis en ligne le 08 oct. 2025

Le cancer du col de l’utérus (CCU) est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme dans le monde et le 12ème en France (environ 3 000 nouveaux cas par an et 800 décès). Il est attribuable dans la quasi-totalité des cas à une infection durable par le papillomavirus (HPV pour Human Papilloma virus).  La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a saisi la HAS afin d’émettre des recommandations concernant le dépistage organisé du CCU des personnes immunodéprimées (hors PVVIH) compte-tenu du risque augmenté du CCU observé dans cette population.

Recommandation

La HAS rappelle en premier lieu que la prévention primaire des infections génitales à HPV repose sur la vaccination universelle. Cette vaccination est recommandée en population générale pour les filles ou pour les garçons dès l'âge de 11 ans, et en rattrapage jusqu’à l’âge de 26 ans révolus. La vaccination ne protégeant pas contre la totalité des types d’HPV potentiellement oncogènes et la durée de la protection conférée par ces vaccins n’étant pas clairement établie, en particulier dans les populations immunodéprimées, la vaccination contre le virus HPV n’exempte en aucun cas du dépistage du CCU et d’un suivi gynécologique régulier. La conduite à tenir pour le dépistage est la même pour les femmes vaccinées ou non contre le HPV.

Ainsi, au terme de son évaluation, la HAS recommande un dépistage plus rapproché du cancer du col de l’utérus, pour les personnes immunodéprimées suivantes :

  • atteintes de déficit immunitaire primitif ou congénital (par exemple, syndrome de Di George, agammaglobulinémie, hypogammaglobulinémie …)
  • greffées par cellules souches hématopoïétiques allogéniques ;
  • atteintes de lupus systémique (traitées ou non) ;
  • sous traitement immunosuppresseur depuis au moins un an (par exemple, pour une greffe, une polyarthrite rhumatoïde, une MICI, une sclérose en plaques…)
  • et toute personne en situation d’immunodépression sévère, diagnostiquée par un professionnel de santé.

Pour ces personnes ciblées, le dépistage doit débuter dans l’année suivant la greffe, le diagnostic de lupus systémique ou la mise sous traitement immunosuppresseur, y compris chez les femmes de plus de 30 ans dont le dernier test HPV était négatif avant ces situations.

Le dépistage est recommandé aux intervalles suivants, pour les personnes immunodéprimées (hors PVVIH) :

  • âgées de 25 à 29 ans, la réalisation d’une cytologie annuelle est recommandée.
  • âgées de 30 à 65 ans, un premier test HPV est à réaliser à 30 ans, puis tous les 3 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.
  • à partir de 65 ans, la poursuite ou l’arrêt du dépistage du CCU devra être décidé selon le résultat du dernier test HPV et en tenant compte des antécédents médicaux

 

Modalité de mise en oeuvre

Afin de garantir une équité d’accès sur l’ensemble du territoire, le prélèvement cervical peut être réalisé, comme en population générale immunocompétente, par un gynécologue, un médecin généraliste ou une sage-femme et également en laboratoire de biologie sur prescription médicale.

Le dépistage doit être l’occasion de réaliser (pour le médecin traitant ou le gynécologue) ou d’orienter vers (pour les autres professionnels de santé) le suivi gynécologique médical requis en cas d’immunosuppression (en raison notamment d’un risque plus important d’autres pathologies gynécologiques dans cette population).

En cas de résultat anormal de dépistage, le suivi, l’orientation et/ou la prise en charge des patientes doivent être assurés par les professionnels de santé.

L’auto-prélèvement est une alternative au prélèvement cervical par un professionnel de santé pour la réalisation d’un test HPV pour les femmes à partir de 30 ans, non dépistées ou insuffisamment dépistées selon le rythme recommandé, ou dans le cas particulier d’une mobilité réduite (personnes atteintes de sclérose en plaques par exemple).

Le besoin d’informations et de communication

La HAS rappelle qu’ une bonne adhésion au dépistage permettra de réduire l’incidence et le nombre de décès liés au cancer du col de l’utérus. Elle recommande ainsi de :

  • mener des actions de communication auprès de la population cible et des professionnels de santé permettant d’accompagner l’évolution des modalités de dépistage du cancer du col de l’utérus chez les personnes immunodéprimées et rappeler la conduite à tenir en cas de résultat anormal de dépistage ;
  • mettre à disposition les outils et moyens nécessaires aux professionnels de santé pour leur permettre de proposer un dépistage du cancer du col de l’utérus aux intervalles recommandés selon l’âge des femmes et leur statut immunologique.

La HAS ajoute que le ciblage des femmes immunodéprimées concernées par cette recommandation est un enjeu important pour l’envoi des courriers d’invitations aux intervalles recommandés pour éviter toute perte de chances.

Enfin, la HAS incite fortement à la mise en place d’études d’impact permettant de mesurer i) le taux de participation des femmes immunodéprimées au Programme national du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, ii) le taux d’incidence des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses chez les femmes immunodéprimées selon les nouvelles recommandations, notamment pour comparer les incidences en fonction des profils d’immunodépression et des tranches d’âges et iii) le taux de mortalité par cancer du col de l’utérus des femmes immunodéprimées.

La HAS pourra être amenée à revoir ou préciser sa position en fonction des résultats des études d’impact et des dernières données disponibles, notamment sur le niveau d’immunosuppression conféré par les traitements.

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Personnes immunodéprimées concernées par cette recommandation : greffées (quel que soit le type de greffe) et sous traitement immunosuppresseur depuis au moins un an ; greffées par cellules souches hématopoïétiques allogéniques ; atteintes de lupus systémique (traitées ou non) ; sous traitement immunosuppresseur depuis au moins un an.Le dépistage doit débuter dans l’année qui suit la greffe, le diagnostic de lupus ou la mise sous traitement immunosuppresseur.α Résultat négatif pour une lésion intra-épithéliale ou maligne
β Le dépistage du cancer du col de l'utérus en pratique et Conduite à tenir devant une femme ayant une cytologie cervico-utérine anormale », Thésaurus, Collection recommandations et référentiels, INCa, décembre 2016. Conduite à tenir devant une femme ayant une cytologie cervico-utérine anormale (dans l’attente de recommandations spécifiques à la prise en charge des personnes immunodéprimées)

Cette recommandation en santé publique est destinée aux décideurs publics.

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