L’essentiel :

Le virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 est responsable d’une panzootie de grippe aviaire depuis quelques années chez les oiseaux. Actuellement, la circulation du virus atteint des niveaux sans précédent, notamment aux États-Unis, où de nombreux bovins sont infectés et plusieurs cas humains ont été détectés. Cette situation sanitaire soulève des inquiétudes quant à une possible adaptation du virus à l'homme.
La Direction générale de la santé a saisi la HAS afin d’élaborer par anticipation des recommandations sur la stratégie vaccinale prépandémique à adopter en cas de détection d’un cas humain de grippe zoonotique sur le territoire, autochtone ou importé et précisant les groupes de population pour lesquels la vaccination serait priorisée.


A qui s’adresse ces recommandations ?

Elles s’adressent aux décideurs publics

Quels sont les objectifs de cette recommandation ? 

Les objectifs de ce rapport sont de préciser : 

  • Les objectifs de la vaccination humaine contre la grippe aviaire dans un contexte non pandémique ;
  • Les critères à prendre en compte pour déclencher la vaccination humaine en France et si la vaccination intervient lors de l’identification d’un cas autochtone ou importé ;
  • La population cible de la vaccination contre la grippe aviaire, avec priorisation si nécessaire ;
  • Les performances du vaccin H5N8 disponible, en matière d’immunogénicité, d’efficacité contre la souche circulante H5N1 et de tolérance. 


Eléments pris en compte pour l’évaluation

Afin d’établir ces recommandations, la HAS a notamment pris en considération :

  • Les caractéristiques du virus H5N1 ;
  • Les données épidémiologiques actuelles ;
  • Les facteurs contribuant à la transmission du virus ;
  • Les populations humaines à risque d’infection par le virus H5N1 ;
  • Les méthodes de détection efficaces pour déterminer le sous-type viral ;
  • La disponibilité du vaccin prépandémique Zoonotic Influenza Vaccine Seqirus, considéré comme un bon candidat pour offrir une protection contre les souches de virus grippaux A H5 en circulation ;
  • Les recommandations vaccinales émises en France et à l’international,
  • Les avis des différents experts auditionnés
  • L’importance de la collaboration entre les départements de santé et les agences de l'agriculture dans le cadre de l'approche « One Health »

Principales conclusions de la recommandation

La HAS recommande d’adapter la stratégie vaccinale prépandémique, sur la base de trois critères principaux :

  • Nombre de foyers chez les animaux,
  • Nombre de cas humains et dynamique de leur augmentation,
  • Sévérité des symptômes chez l’humain.

L'objectif de la vaccination est avant tout d’éviter le développement des formes sévères, en cas de contamination et potentiellement de réduire le risque de transmission de l’animal à l’humain.
Ainsi la HAS recommande la vaccination avec le vaccin prépandémique Zoonotic Influenza Vaccine Seqirus en cas d’augmentation des foyers animaux, et la survenue de cas humains sévères. 
Dans ce cas, la HAS recommande de prioriser les groupes à risque d’infection par le virus H5N1 :

  • Les éleveurs de volailles (et de bovins, si des foyers d’infection apparaissent dans ce type d’élevage),
  • Le personnel technique des laboratoires de diagnostic et de recherche vétérinaires (autopsie, prélèvements, expérimentation),
  • Le personnel de laboratoire manipulant le virus dans le cas cadre de l’investigation de cas humains, CNR notamment,
  • Les techniciens et vétérinaires avicoles,
  • Le personnel réalisant l’abattage d’urgence,
  • Les équarisseurs.

Toutefois, la vaccination prépandémique n’est pas préconisée dès la détection d’un seul cas humain de grippe zoonotique sur le territoire, qu’il soit autochtone ou importé.
Par ailleurs, la HAS souligne que la situation sanitaire des autres pays peut avoir un impact sur la stratégie vaccinale en France. Par exemple, il serait nécessaire de réévaluer l’utilisation du vaccin prépandémique dans le cas d’une augmentation des infections humaines sévères à l’étranger, liées à un virus qui circule activement dans les élevages en France. 

La HAS précise également les autres critères à prendre en compte pour l’utilisation et la priorisation vaccinale prépandémique :

  • Épidémiologiques :
    • Zones géographiques avec une forte densité d'élevages et des mouvements d'animaux fréquents ;
  • Médicaux :
    • Fréquence des cas sévères,
    • Personnes immunodéprimées ou avec des pathologies chroniques travaillant dans les élevages ou en contact avec des animaux infectés,
  • Géographiques : Zones identifiées par l'Anses comme étant à haut risque en fonction des couloirs de migration et des mouvements d'animaux ;
  • Marqueurs virologiques : détection de mutations compatibles avec la possibilité d’une transmission interhumaine du virus.

Le déploiement de la vaccination prépandémique chez les personnes exposées professionnellement doit s'accompagner d'une évaluation continue du rapport bénéfice / risque de la vaccination, en mettant en place : 

  • Une surveillance active de l'évolution du virus circulant pour suivre en temps réel tout changement dans l'antigénicité des souches circulantes par rapport à celles incluses dans le programme de vaccination en vigueur, ainsi que la réévaluation de l’efficacité du vaccin prépandémique, le cas échéant,
  • Un suivi de la sécurité du vaccin et de son acceptation,
  • Des études sérologiques évaluant les réponses immunitaires pour déterminer en conditions réelles le niveau et la durée de la réponse immunitaire.

Concernant la vaccination contre la grippe saisonnière, la HAS maintient ses recommandations vis-à-vis des professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires dans le but de réduire le risque de transmission des virus de grippe saisonnière humaine aux animaux d’élevage (porcs notamment) et de limiter le risque de co-infection par des virus humains et aviaires favorisant le réassortiment entre les deux virus

Enfin, la HAS souligne que, outre la vaccination, d'autres moyens de prévention contre la grippe zoonotique existent. En raison du risque de transmission de l'animal à l'humain, les organisations de santé publique et animale collaborent sous l'approche « One Health », intégrant les perspectives humaines, animales et environnementales. Les stratégies incluent la surveillance des virus chez divers animaux, la vaccination obligatoire des canards, des exigences d'importation, le renforcement des mesures de biosécurité, la gestion rapide des exploitations infectées, et la surveillance des personnes exposées.

Par ailleurs, en cas de circulation active des virus influenza chez d’autres espèces de volailles que les canards (actuellement vaccinés) une adaptation du plan de vaccination des volailles devrait être discutée afin de limiter la circulation du virus chez celles-ci et de réduire en conséquence l’exposition des professionnels de l’élevage.

La HAS précise que la stratégie de vaccination en situation prépandémique contre la grippe zoonotique H5N1 est susceptible d’être actualisée en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique en France et à l’international et de l’évolution des connaissances scientifiques.


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