Avis n°2025.0026/AC/SESPEV du 6 juin 2025 du collège de la Haute Autorité de santé portant sur le vaccin VIMKUNYA du laboratoire BAVARIAN NORDIC dans le contexte épidémique de chikungunya dans les territoires de La Réunion et de Mayotte
En décembre 2024, la HAS a été saisie par la Direction Générale de la Santé (DGS) pour émettre un avis urgent sur la stratégie vaccinale à mettre en œuvre contre le chikungunya, avec le vaccin VIMKUNYA (laboratoire BAVARIAN NORDIC), pour les territoires de La Réunion et de Mayotte.
La HAS a pris en considération les éléments suivants :
- L’évolution des données épidémiologiques ;
- La survenue d’évènements indésirables graves (EIG) neurologiques avec le vaccin IXCHIQ, dont le mécanisme est à ce jour inconnu ;
- Le nombre limité de personnes, notamment celles âgées de 65 ans et plus, exposées au cours du développement clinique du vaccin VIMKUNYA ;
- L'absence de recul d’utilisation, en vie réelle, du vaccin VIMKUNYA à ce jour dans le monde ;
- L’absence de recommandation officielle émise à ce jour au niveau international pour VIMKUNYA ;
- L’absence de données de sécurité chez les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes ;
- L’interrogation sur le bénéfice de la mise à disposition dans l’urgence, d’un second vaccin contre le chikungunya, VIMKUNYA ;
- La faible adhésion vaccinale des populations à l’encontre de la stratégie de vaccination mise en œuvre à La Réunion, accentuée par la survenue des EIG avec le vaccin IXCHIQ ;
- Les investigations en cours conduites tant au niveau européen (EMA) qu’au niveau national.
Aussi, la HAS ne peut pas émettre de recommandation sur l’utilisation du vaccin VIMKUNYA avant d’avoir obtenu i) les résultats des investigations en cours sur les causes des EIG survenus avec le vaccin IXCHIQ et ii) d’éventuelles données complémentaires d’efficacité et de sécurité du vaccin VIMKUNYA, obtenues notamment chez les personnes âgées de plus de 65 ans et les femmes enceintes, dont les nouveau-nés sont, avec les personnes âgées, les principales victimes des épidémies passées et actuelles.
À ce sujet, la HAS encourage fortement la réalisation de toute étude qui permettrait de colliger de nouvelles données de sécurité, d’efficacité et de durée de protection, dans ces populations, afin de pouvoir positionner au mieux et à terme les vaccins existants contre le chikungunya dans une stratégie globale de vaccination.
Cet avis pourra être actualisé en fonction de l’état des connaissances scientifiques et de l’évolution du contexte épidémique en France.