Pandémie grippale : Révision de la stratégie vaccinale
L’essentiel
Une pandémie grippale est causée par l’émergence et la propagation d’un nouveau sous-type de virus influenza. Ce virus pandémique est caractérisé par une transmission interhumaine efficace et soutenue.
Face à la circulation mondiale accrue du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 chez les animaux, la nette augmentation des cas humains en 2024, la Direction générale de la santé a saisi la HAS afin de mettre à jour les recommandations du Haut Conseil pour la santé publique (HCSP) publiées en 2012-2013, relatives à la stratégie vaccinale dans le contexte du plan de lutte contre une pandémie grippale.
A qui s’adresse ces recommandations ?
Les objectifs de ce rapport sont de préciser :
- Les objectifs de la vaccination humaine contre la grippe pandémique ;
- Les critères à prendre en compte pour déclencher la vaccination humaine contre la grippe pandémique ;
- Les populations cibles de la vaccination contre la grippe pandémique selon la situation sanitaire, précisant celles qui doivent être priorisées ;
- L’utilisation éventuelle des vaccins existants (saisonniers et prépandémiques), en particulier dans la période où le vaccin pandémique serait indisponible ou disponible en quantité limitée.
Ėléments pris en compte pour l’évaluation
Afin d’établir ces recommandations, la HAS a notamment pris en considération :
- Les caractéristiques des virus influenza ;
- L’historique des pandémies grippales et les données épidémiologiques actuelles
- Les précédentes recommandations du HCSP relatives à la stratégie de vaccination dans le cadre de la révision du plan de lutte contre une pandémie grippale.
- Les principales recommandations publiées à l’international.
- Les enseignements des pandémies antérieures, notamment celles causées par le virus influenza A(H1N1) pdm09 (2009) et le SARS-CoV2(COVID-19).
- Le délai de 4 à 6 mois nécessaire à la production du vaccin pandémique ainsi que l’existence d’une procédure d’autorisation de mise sur le marché spécifique pour les vaccins « Pandemic prepardness vaccine».
- L’avis des différents experts auditionnés.
- Les données de sécurité disponibles suggérant une approche prudente de l’utilisation des vaccins pandémiques adjuvantés chez l’enfant.
Principales conclusions de la recommandation
Dans le but de répondre aux objectifs de la vaccination qui demeurent la réduction des formes graves, de la surcharge des services de soins, de l’impact sociétal et de la mortalité, la HAS maintient la recommandation de fonder la stratégie vaccinale contre la grippe pandémique sur les critères précédemment définis par le HCSP, à savoir la gravité clinique et la transmission, qui restent pertinents à ce jour.
L’évolution de la situation sanitaire, caractérisée notamment par le niveau de gravité clinique et de transmission (qualifiés de « faible » ou « élevé »), permet de définir une stratégie vaccinale, présentée dans le tableau ci-après.
Tableau : Stratégies vaccinales en fonction de la gravité clinique et de l’importance de la transmission du virus
* Les groupes à risque de formes graves incluent à priori les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques, mais ils seront redéfinis en fonction des données épidémiologiques disponibles en début de pandémie.
** Les pandémies antérieures ont montré que les enfants étaient un vecteur significatif de transmission du virus
*** Le rapport bénéfice risque de la vaccination devra être évalué à la lumière des données disponibles au moment de la pandémie
La HAS souligne que la stratégie de priorisation vaccinale devra être ajustée en fonction des données épidémiologiques disponibles en début de pandémie ; l’analyse de ces données permettra de définir les populations à risque de développer les formes sévères de la maladie et les populations à risque de transmission. L’impact potentiel sur la santé publique, notamment sur le système de soins, devra être analysé, en particulier en cas de forte transmissibilité entraînant une hausse significative des recours aux soins.
Les enfants, bien que n’étant pas particulièrement à risque de formes graves, sont considérés comme une population à risque sociétal, en raison de leur potentiel rôle dans la transmission du virus.
Alors que les recommandations de 2012-2013 privilégiaient une approche fondée sur le niveau de transmission, la HAS ne recommande désormais la vaccination des enfants qu’en cas de forme sévère identifiée dans la population pédiatrique, et/ou pour éviter les impacts négatifs d’une fermeture d’école sur leur scolarité et leur santé mentale. Une réévaluation de la balance-bénéfice risque devra également être effectuée.
Les recommandations vaccinales doivent être considérées comme évolutives et susceptibles d’être ajustées en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.
L’utilisation d’antiviraux et de mesures non pharmaceutiques (dont mesures barrières) complètent la stratégie vaccinale.
Enfin, lors de l’identification de la souche virale responsable de la pandémie, un délai de 4 à 6 mois est nécessaire à la production du vaccin pandémique, entraînant une indisponibilité temporaire du vaccin pandémique.
Durant cette période, la HAS recommande :
- Le maintien de la recommandation de vaccination contre la grippe saisonnière, particulièrement utile en cas d’émergence d’un virus pandémique homo-sous-typique, dans le but d’une meilleure prise en charge des groupes à risque.
- La vaccination avec le vaccin prépandémique, en particulier si le virus émergent est du même sous-type que celui du virus H5, pour lequel il a été conçu.
Cette recommandation s’applique également en cas de disponibilité limitée du vaccin pandémique.
Les présentes recommandations ont été élaborées par anticipation, dans le cadre du plan de lutte contre une pandémie grippale. Elles tiennent compte des données parcellaires disponibles à ce jour et sont susceptibles d’être révisées en fonction de l’évolution sanitaire et des connaissances scientifiques.
Formulées en vue d’un contexte de pandémie avérée, elles visent à anticiper et adapter la stratégie vaccinale, en complément des orientations définies en phase prépandémique et des autres mesures, non pharmaceutiques ou médicamenteuses, pouvant être mises en place.