Nature de la demande

Extension d'indication

Primo-inscription et extension d’indication

 

L'essentiel

Avis favorable au remboursement dans « le traitement des patients adultes et pédiatriques âgés de 28 jours et plus atteints de la maladie du greffon contre l’hôte aiguë qui ont une réponse inadéquate aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques ainsi que dans le traitement des patients adultes et pédiatriques âgés de 6 mois et plus atteints de la maladie du greffon contre l’hôte chronique qui ont une réponse inadéquate aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques ».

 

Quel progrès ?

Un progrès thérapeutique dans la prise en charge chez l’enfant de moins de 12 ans.

Pas de progrès chez l’adulte (12 ans et plus).

 

Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?

La prise en charge thérapeutique actuelle des GvHD repose en première intention sur un traitement systémique à base de méthylprednisone (corticostéroïdes) pour les GVH aigues de grade II à IV et pour les GVHD chroniques modérées à sévères11.

En dehors des corticostéroïdes, utilisés en première intention, dans un contexte curatif, mais pour lesquels environ 1 patient sur 2 serait réfractaire, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de stratégie thérapeutique unique établie et consensuelle dans le traitement et la prise en charge de ces maladies, en dépit des alternatives thérapeutiques existantes.

En cas de cortico-résistance ou cortico-dépendance, il est recommandé d’instaurer un traitement de 2ème ligne. Il n’existe pas de recommandation spécifique chez le sujet pédiatrique âgés de 2 ans à moins de 12 ans atteints de la maladie du greffon contre l’hôte (GvHD) aiguë ou chronique.

Des traitements médicamenteux sont utilisés en pratique clinique : l’alemtuzumab, l’alpha-1 antitrypsine, le basiliximab, les thérapies cellulaires, le daclizumab, la photophérèse extracorporelle (ECP), la transplantation de microbiote fécal, le méthotrexate, la pentostatine, les inhibiteurs de JAK (dont le ruxolitinib), le mycophénolate mofétil, le sérum anti-thymocyte, le sirolimus ou le vedolizumab. Compte tenu de l’absence de donnée comparative de bon niveau de preuve entre ces différentes options, ces différents traitements ne peuvent pas être positionnés les uns par rapport aux autres.

Il est à noter, selon recommandations européennes de l’European Society for Blood and Marrow Transplantation (EBMT) actualisées en 202411 le ruxolitinib est recommandé en première intention en 2ème ligne de traitement.

Dans le périmètre du remboursement :

La spécialité JAKAVI (ruxolitinib) est un traitement de 2ème ligne dans la stratégie de prise en charge des patients adultes et pédiatriques âgés de 28 jours et plus atteints de la maladie du greffon contre l’hôte aiguë ainsi que des patients âgés de 6 mois et plus atteints de la maladie du greffon contre l’hôte chronique et représente un traitement de première intention chez les patients qui ont une réponse inadéquate aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques.

Conformément au RCP, JAKAVI (ruxolitinib) peut être ajouté aux corticostéroïdes et/ou aux inhibiteurs de la calcineurine (ICNs).

Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et le Plan de Gestion des Risques (PGR) doivent être respectés.

 

Recommandations particulières

La Commission souhaite être destinataire des données finales de survie globale issues de l’étude REACH 3 dès que celles-ci seront disponibles. Sur la base de ces résultats, la Commission jugera de l’opportunité de réévaluer ce médicament.


Service Médical Rendu (SMR)

Important

Le service médical rendu par JAKAVI (ruxolitinib) 5 mg/mL en solution buvable et JAKAVI (ruxolitinib) 5 mg, comprimé, est important dans l’indication de l’AMM.


Amélioration du service médical rendu (ASMR)

IV (mineur)

Compte tenu :

  • de la simplicité de son administration par sa forme en comprimés et solution buvable (voie orale) permettant une utilisation du produit en ambulatoire et pour une forme adaptée chez le jeune enfant ;
  • des données disponibles chez l’adulte étayant la présomption d’un bénéfice pour le patient, notamment :
    • des données d’efficacité à court terme issues d’une étude de phase III comparative, randomisée, réalisée en ouvert, qui ont démontré une supériorité du ruxolitinib par rapport aux traitements comparateurs utilisés sur le taux de réponse globale à 28 jours (OR=2,64 [IC95% : 1,65-4,22]) et 56 jours (OR=2,38 [IC95% : 1,43-3,94]) chez des patients de plus de 12 ans atteints d’une GvHD aiguë cortico-résistante de grade II-IV (étude REACH 2) ;
    • des données d’efficacité issues d’une étude de phase III, comparative, randomisée, en ouvert, qui ont démontré une supériorité du ruxolitinib sur le taux de réponse globale à 24 semaines (OR=2,99 [IC95% : 1,86-4,80]) et la survie sans échec de traitement (HR=0,37 [IC95% : 0,27-0,51]) chez des patients âgés de plus de 12 ans atteints d’une GvHD chronique modérée à sévère réfractaire ou dépendante aux corticoïdes (étude REACH 3) ;
  • des données de pharmacocinétique étayant la présomption d’une transposabilité des résultats de la population âgée de 12 ans et plus à celle pédiatrique âgée de 28 jours à 11 ans (GvHDa) et de 6 mois à 11 ans (GvHDc) ;
  • des résultats des études en ouvert (REACH 4 et REACH 5), de phase I/II et II, non comparatives réalisées chez les patients pédiatriques ayant évalué le taux de réponse globale ;
  • des données de tolérance disponibles (étude REACH 4 et REACH 5) suggérant un profil de sécurité chez les patients pédiatriques similaire à celui observé chez les patients adultes ;
  • les données de modélisation pharmacocinétique étayent la présomption d’une transposabilité des résultats de la population âgée de 12 ans et plus à la population de moins de 2 ans ;
  • du besoin médical insuffisamment couvert notamment grâce à sa formulation liquide adaptée à la pédiatrie ;

et malgré :

  • un schéma non comparatif des études pédiatriques ne permettant qu’une estimation non causale de l’effet de JAKAVI (ruxolitinib) +/- association avec d’autres traitements à même visée thérapeutique et non de son efficacité relative supplémentaire par rapport à l’effet placebo et à l’évolution naturelle de la maladie ; de plus, ce schéma de l’étude autorisant l’administration de traitements prophylactiques et de traitements systémiques de la GvHD en ajout du ruxolitinib ne permet pas d’isoler l’effet de JAKAVI (ruxolitinib) seul. Conformément au RCP, rubrique 4.2 « Posologie et mode d'administration : JAKAVI peut être ajouté aux corticostéroïdes et/ou aux inhibiteurs de la calcineurine (ICNs) » ;
  • la réalisation de ces études en ouvert, ce qui a pu introduire un biais de suivi en particulier pour la mesure des critères subjectifs tels que les critères d’évaluation de réponse se basant sur le consensus du National Institutes of Health;
  • l’absence de démonstration robuste d’effet sur la survie globale dans des situations cliniques engageant le pronostic vital ;
  • l’absence de données robustes relatives à la qualité de vie des patients dont la portée resterait néanmoins limitée compte tenu du caractère ouvert de l’étude ;
  • l’utilisation de différentes formes galéniques (comprimés, gélules, solutions buvables) dans les études cliniques pédiatriques ;
  • l’incertitude quant au profil de tolérance sur le long terme dans la population pédiatrique et le risque important de toxicité du développement identifié dans le cadre du PGR ;
  • des incertitudes sur la transposabilité des données : aucune donnée clinique n'est disponible pour les patients de moins de 2 ans, du faible nombre d’enfants de moins de 12 ans résistants aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques ;

la Commission de la transparence considère que les spécialités JAKAVI 5 mg/mL, solution buvable (ruxolitinib), et JAKAVI 5 mg, comprimé (ruxolitinib), apportent une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans la stratégie de prise en charge des patients âgés de 28 jours à moins de 12 ans de la maladie du greffon contre l’hôte aiguë qui ont une réponse inadéquate aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques et des patients âgés de 6 mois à moins de 12 ans atteints la maladie du greffon contre l’hôte chronique qui ont une réponse inadéquate aux corticostéroïdes ou à d’autres traitements systémiques.

V (absence)

La spécialité JAKAVI 5 mg/ml, solution buvable, est un complément de gamme qui n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) chez l’adulte et l’adolescent (>12 ans) par rapport aux présentations en comprimés pelliculés à 5 et 10 mg de ruxolitinib déjà inscrites. Conformément au RCP, cette présentation peut être utilisée chez les patients ayant des difficultés à avaler les comprimés pelliculés.


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