Traitement des caries dentaires : la HAS recommande le remboursement de 4 actes

ACTUALITE PRESSE - Mis en ligne le 11 déc. 2025
11 décembre 2025

Au-delà de la douleur et de l’inconfort, une mauvaise santé bucco-dentaire peut affecter la santé générale, augmentant notamment le risque de dénutrition ou de complications infectieuses. Le nombre de personnes présentant au moins une carie non soignée est encore élevé, et plus particulièrement chez les enfants et les personnes connaissant des difficultés pour accéder aux soins. A chaque stade d’évolution de la carie, un traitement est pourtant possible. Certains actes, dits conservateurs et peu invasifs, permettent de préserver la dent sur le long terme et d’éviter des traitements traumatiques et coûteux (implants, prothèses…). Saisie par l’Assurance maladie, la Haute Autorité de santé (HAS) s’est prononcée en faveur du remboursement de quatre de ces actes. En parallèle, une actualisation des recommandations sur les stratégies de prévention de la carie dentaire est attendue en 2026.

En France, environ 30 % des enfants de 6 ans (jusqu’à 50 % en zones défavorisées) et 25 % des adultes de 35-44 ans présentent au moins une carie non soignée[1], avec un accès aux soins inégal selon l’âge, le territoire et le niveau socio-économique. S’agissant de santé bucco-dentaire, certaines personnes sont particulièrement vulnérables et ont des besoins spécifiques comme les personnes en situation de handicap ou âgées vivant en institution et rencontrant des difficultés à se déplacer, celles ayant la phobie des soins dentaires, les femmes enceintes ou encore les très jeunes enfants. Ces inégalités ont des impacts sur la santé et la qualité de vie des personnes. Les caries non traitées peuvent provoquer des douleurs prolongées, des infections locales ou encore des complications chez les patients atteints de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète, cancer…). A terme, la perte de dents constitue un handicap à la fois fonctionnel, esthétique et social pouvant entraîner des carences nutritionnelles.

La santé bucco-dentaire représente ainsi un enjeu de santé publique et un changement, vers une approche davantage préventive que curative, est amorcé. L’objectif est d’agir à la fois en amont, dès le plus jeune âge, au moyen de mesures de prévention[2] et d’enrayer dès que possible l’évolution de la carie grâce à des interventions mini-invasives et conservatrices des tissus dentaires pour des bénéfices tout au long de la vie. Ces actions combinées visent à limiter, à plus long terme, le recours aux soins prothétiques et implantaires, plus traumatiques et coûteux.

Dans ce contexte, l’Assurance maladie a saisi la HAS afin d’évaluer l’efficacité et la sécurité de cinq actes dentaires en vue de leur inscription sur la Classification commune des actes médicaux (CCAM), c’est-à-dire de leur remboursement. Cette saisine s’inscrit dans le cadre de la convention de 2023 organisant les rapports entre les chirurgiens-dentistes libéraux et l’Assurance maladie. La HAS préconise aujourd’hui la prise en charge de quatre de ces actes. Par ailleurs, les recommandations de santé publique de 2010 sur les stratégies de prévention de la carie dentaire seront actualisées en 2026.

 

Quels sont les actes dentaires évalués ?

La HAS conclut favorablement au remboursement de trois actes conservateurs :

  • Le traitement restaurateur atraumatique qui correspond à une élimination de la carie à l’aide uniquement d’instruments manuels (non rotatifs comme la fraise) suivie de l’obturation de la cavité avec un matériau dentaire adhésif ;
  • Le scellement thérapeutique qui est la mise en place d’un matériau fluide de scellement au niveau d’une petite carie débutante afin d’arrêter sa progression, de façon non invasive, sans nécessiter de retrait de la carie ;
  • La pulpotomie thérapeutique sur dent permanente mature qui peut être assimilée à une dévitalisation partielle, à savoir le retrait d’une partie de la pulpe dentaire, d’une dent atteinte par une carie (ou à la suite d’un traumatisme) avec l’application d’un biomatériau protecteur et régénérant : l’acte est ainsi moins destructeur des tissus dentaires ;

La HAS recommande également le remboursement de la pose d’une coiffe pédodontique préformée sur dent de lait, couronne préfabriquée pouvant être adaptée sur la dent, notamment avec une technique moins invasive, dite « technique de Hall », simple à mettre en œuvre (collage de la coiffe préformée sans anesthésie locale, ni retrait carieux ou préparation de la dent préalable).

Ce travail d’évaluation s’inscrit dans une démarche de pertinence des soins, portée par la HAS : délivrer le bon soin, au bon patient, au bon moment. La HAS précise ainsi les indications et contextes d’utilisation de chaque acte, les contre-indications, les matériaux à utiliser, les protocoles opératoires et les modalités de suivi.

 

A noter que la HAS n’a pas pu se prononcer quant au remboursement d’un autre acte simple et de premier recours : l’application de fluorure diamine d’argent (FDA), un liquide qui une fois appliqué sur une carie permet de stopper son évolution en éliminant les bactéries responsables et en reminéralisant la structure dentaire. En effet, malgré les données favorables relevées par l’évaluation, aucun produit en France ne possède d’autorisation (marquage CE ou autorisation de mise sur le marché) dans cette indication d’arrêt des caries.

 

[1] Organisation mondiale de la santé, 2022
[2] Exemples : les programmes de santé publique « Génération sans carie » et « M’T dents tous les ans »

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