Résidences autonomie : améliorer la qualité de vie

Web page - Posted on Dec 13 2018 - Updated on Jun 12 2019

Conçues pour accueillir des personnes âgées majoritairement autonomes qui ne peuvent plus ou n’ont plus l’envie de vivre chez elles, les résidences autonomie sont composées d’appartements privatifs et d’espaces communs partagés par les résidents. L’accès à une offre d’actions de prévention de la perte d’autonomie fait partie de la liste minimale des prestations qu’elles proposent, conformément à un décret de la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Pour accompagner la mise en place effective de ces actions, la HAS publie des recommandations de bonnes pratiques sur la « Qualité de vie en résidences autonomie », à partir des travaux engagés par l’ex-Anesm (aujourd’hui intégrée à la HAS).
Christophe Pasquet*, directeur de deux résidences autonomie à Paris, nous explique comment il compte utiliser ces recommandations.


Pour vous, quel est l’enjeu des recommandations publiées par la HAS sur la qualité de vie en résidences autonomie ?

Les contours qui définissent une résidence autonomie ont été fixés par un décret en 2016 dans le cadre de la loi d’Adaptation de la société au vieillissement (ASV). Le concept de résidences autonomie est donc assez récent. Jusqu’alors, les directeurs de ces établissements n’avaient pas de cadre clair sur lequel s’appuyer pour mettre en œuvre de façon effective toutes les mesures demandées. Nous n’avions pas de base pour bâtir nos projets d’établissements, pour construire avec les personnes accueillies leurs projets personnalisés. Ce qu’apportent ces recommandations, selon moi, c’est une dynamique incitative pour faire évoluer et harmoniser les bonnes pratiques.


Comment les utiliserez-vous dans vos résidences autonomie ?

Ces recommandations s’adressent à tous les professionnels qui travaillent dans nos résidences autonomie. C’est un support de réflexion que je vais mettre à la disposition de mes équipes, pour faciliter et enrichir nos échanges sur les évolutions à mettre en œuvre.

Ce document donne par exemple des pistes pour améliorer l’anticipation et l’accompagnement d’une dégradation de l’état de santé d’un résident, pouvant conduire à son transfert en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Le but est d’éviter ces transferts en situation d’urgence. 

De même, le document peut être un support de dialogue avec nos intervenants externes (médecins, infirmiers, animateurs, etc.), en vue de développer de nouvelles mesures de prévention de la perte d’autonomie ou de favoriser le lien social des résidents. Indirectement, le fait que nous suivions les lignes définies par la HAS peut aussi contribuer à rassurer les futurs résidents et leurs familles sur la qualité de nos services.

 

Quels sont les freins à l’amélioration de la qualité de vie des résidences autonomie aujourd’hui ? Et comment ces recommandations aident-elles à les lever ?

Elles agissent principalement à deux niveaux :

  • L’interrogation des pratiques. La lecture de ces recommandations nous aide à passer en revue l’ensemble de notre fonctionnement, donc à repérer les points d’amélioration. Par exemple, elles préconisent un diagnostic des partenariats potentiels, ce que nous ne faisions pas forcément dans nos résidences.

  • L’accompagnement au changement. La remise en cause de tout ou partie de l’organisation ou du fonctionnement d’un établissement est généralement facteur d’inquiétude pour les salariés. Le changement ne suscite pas d’emblée l’adhésion et l’enthousiasme des équipes. En ce sens, les recommandations seront utiles pour guider les professionnels dans ce travail ; elles contribueront à professionnaliser la mise en œuvre du changement.

 

Ces recommandations visent à améliorer la qualité de vie des résidents, mais aussi celle des équipes. De quelle manière ?

Les directeurs peuvent les utiliser comme levier de management pour faire évoluer les pratiques mais également pour valoriser le travail des collaborateurs. La plupart des recommandations formulées sont déjà une réalité dans nos résidences, il est important de le souligner. En montrant aux équipes que les actions qu’elles mènent au quotidien ont un impact sur la qualité de vie des résidents, on valorise leur rôle et la qualité de leur travail. Résultats : elles se sentent mieux, sont plus à l’écoute des résidents et se sentent encouragées à faire encore mieux. C’est un cercle vertueux qui rejaillit positivement sur les personnes qu’on accueille.

Ces recommandations sont-elles applicables dans toutes les résidences autonomie ?

Oui. Mais il y a une adaptation à faire en fonction des spécificités de chaque résidence : nombre de personnes âgées et de salariés, degré d’autonomie des résidents, etc. C’est au directeur et à ses équipes de s’approprier les recommandations et de définir le projet d’établissement adapté.

Je dois aussi souligner que nos résidences bénéficient d’un forfait de soins alloué par l’Agence régionale de santé (ARS). Ces financements permettent d’avoir des postes de personnels de soin déjà sensibilisés aux démarches qualité. C’est un réel atout dont ne disposent pas malheureusement toutes les résidences autonomie.

Prévention de la perte d’autonomie : l’affaire de tous les intervenants de la résidence

Les recommandations de la HAS fournissent des pistes pour améliorer la qualité de vie en résidences autonomie. Ces orientations sont à adapter au profil des résidents, à la taille et au fonctionnement de chaque résidence. Le document préconise d’associer le personnel à une réflexion collégiale dans la construction du  projet d’établissement et de suivre sa mise en œuvre. Ensemble, ils pourront définir le rôle et le niveau de participation de chacun dans l’organisation de la vie sociale, des actions de prévention, de la restauration, etc. De façon générale, tous les professionnels, internes comme externes, sans être forcément acteurs de la prévention, jouent un rôle dans la préservation de l’autonomie des résidents. En les côtoyant, les différents professionnels sont les mieux placés pour remarquer les signes d’une perte d’autonomie. Les personnes âgées elles-mêmes doivent être impliquées dans les décisions qui les concernent (aménagement de leur logement, etc.), ainsi que dans la vie de l’établissement (accueil des nouveaux, etc.). L’une des principales recommandations de la HAS porte en effet sur la vie collective et le lien social des résidents, corrélats importants de leur santé et de leur bien-être.

 

Résidences autonomie – Chiffres clés

 

2 312 résidences autonomies en France en 2017

  • 13 % perçoivent un forfait soins de l’Agence régionale de santé leur permettant de maintenir la présence d’aides-soignants et d’infirmiers dans l’établissement.

  • 59 % perçoivent un forfait autonomie, dans le cadre d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens signé avec leur conseil départemental, pour financer les actions de prévention de la perte d’autonomie.


Les résidents

  • Entre 30 et 60 personnes âgées accueillies par résidence autonomie (48 en moyenne).

  • Âge moyen à l’entrée : 81 ans.

  • Durée de séjour moyen : 5 ans.

  • 74 % des résidents ont un GIR (groupe iso-ressources correspondant au niveau d’autonomie de la personne) compris entre 5 et 6, c’est-à-dire qu’ils sont relativement autonomes.

Dans la majorité des cas, l’entrée en résidence autonomie relève d’une décision personnelle, motivée principalement par l’envie :

  • de garder une certaine indépendance tout en bénéficiant d’un environnement sécurisant (pour 57 %) ;

  • de bénéficier d’une présence de jour comme de nuit (35 %) ;

  • de se sentir moins isolé (33 %) ;

  • de ne pas être un poids pour leur famille (31 %) ;

  • de préserver sa santé et son bien-être (28 %) ;

  • d’avoir un logement adapté pour minimiser les risques d’accident ou de chute (27 %).

 

Le personnel

7,45 équivalents temps plein (ETP) en moyenne par résidence autonomie :

  • 40 % pour l’entretien ;

  • 22 % pour la restauration ;

  • 19 % pour l’administration ;

  • 10 % pour les soins ;

  • 6 % pour l’animation ;

  • 4 % pour les accompagnements éducatifs et sociaux (AMP).

 

Source : Recommandations de bonnes pratiques professionnelles – La qualité de vie en résidences autonomie.

 

* Propos recueillis par Citizen press

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