Solutions de glucose à 5 % : pas d’utilisation sans électrolytes

Article HAS - Mis en ligne le 13 déc. 2018 - Mis à jour le 12 juin 2019

L’hyponatrémie est un trouble électrolytique fréquent chez les patients hospitalisés, en particulier chez l’enfant. La HAS a publié une fiche de bon usage des solutions injectables de glucose à 5 % afin de réduire le risque d’hyponatrémie sévère lié à leur mésusage. Explications de Bertrand Mussetta et de Patrick Semenzato, du service évaluation des médicaments à la HAS.

La HAS a publié une fiche de bon usage des solutions injectables de glucose à 5 %. Dans quel but ?

Il s’agit de rappeler que les solutions de glucose à 5 % (G5 %), fréquemment utilisées à l’hôpital à des fins d’apport liquidien parentéral ou de réhydratation, ne doivent pas être employées seules sans électrolytes. Sans apport d’électrolytes (notamment de sodium et de potassium), leur administration peut induire une hyponatrémie et une hypokaliémie, possiblement sévères, en particulier chez les enfants.
En pédiatrie, le G5 % en solution injectable ne présente pas d’autre intérêt clinique que son utilisation comme véhicule pour l’apport de médicament.

 

Comment expliquer le risque d’hyponatrémie avec les solutions de G5 % ?

En cas de perfusion prolongée et/ou abondante de G5 % seul, l'apport liquidien – qui correspond à un apport en eau pure, en raison de la métabolisation rapide du glucose dans l'organisme – expose au risque de dilution des électrolytes sanguins, notamment du sodium ou du potassium. La perfusion génère alors une hyponatrémie et/ou une hypokaliémie par dilution.


Quelles sont les conséquences de cette hyponatrémie ?

L’hyponatrémie peut provoquer une encéphalopathie, des convulsions, voire un décès.
Quant à l’hypokaliémie, elle peut conduire à des troubles du rythme cardiaque avec potentiellement une issue fatale.


Quelle place réserver aux solutions de G5 % ?

Tout d’abord, le G5 % ne doit pas être utilisé seul, sans électrolytes dans la quasi-totalité de ses usages.
Il peut être utilisé comme véhicule de médicaments administrés par voie parentérale.
Pour la réhydratation et la prévention des déshydratations, la solution de G5 % sera associée à un apport en chlorure de sodium, précisément pour éviter le risque d’hyponatrémie. Il existe différentes solutions polyioniques isotoniques prêtes à l’emploi.
Dans le cas de la prévention et du traitement de la cétose, l’alimentation orale ou la nutrition entérale à débit constant sont à privilégier car elles apportent davantage de calories que le G5 %. Les solutions de G5 % occupent donc une place limitée dans ce cadre.
Il est rappelé que l’utilisation du G5 % comme « garde-veine » devrait être proscrit.


Quels sont les patients les plus susceptibles de développer une hyponatrémie ?

Les enfants, les nourrissons et les nouveau-nés présentent un risque accru de développer une hyponatrémie ainsi qu’une encéphalopathie hyponatrémique.
Chez les personnes âgées, les éventuelles atteintes cardiaques, rénales ou hépatiques interviennent dans le choix de la solution de perfusion, sans oublier les traitements médicamenteux concomitants qui peuvent influer sur la natrémie et la kaliémie.
Enfin, la perfusion de G5 % peut favoriser une hyponatrémie aiguë chez des patients présentant un syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH).

 

Risque d’hyponatrémie : surveillance accrue pour les enfants perfusés 

Il est important de surveiller étroitement la natrémie des enfants perfusés. Une correction trop rapide de l'hyponatrémie (>0,5 mmol/L par heure) est également à risque.
Il convient aussi de rester attentif au risque d’hypo- et d’hyperglycémie chez les nouveau-nés par la surveillance étroite du poids, de la glycémie et des ionogrammes sanguins et urinaires.

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